Le fabricant de câbles sous-marins ASN devient la vitrine française de la 5G industrielle


Dans une immense cuve métallique jaune, de 10 mètres de diamètre et 9 mètres de hauteur, deux hommes aident un câble noir, à peine plus épais qu’un tuyau d’arrosage, à s’enrouler sur lui-même. La moindre torsion est interdite : derrière des couches de plastique, de fils d’acier, de cuivre et de zinc se cachent 24 paires de fibres optiques sur lesquelles, une fois déposées aux fonds des océans, transitera le trafic Internet mondial.

La méticulosité de ces deux « loveurs » – le surnom de ces techniciens que les robots n’ont pas réussi à remplacer – sert aussi à ranger jusqu’à 1 200 kilomètres de câbles sous-marins dans le volume limité d’une seule cuve. « L’un des facteurs-clés du bon fonctionnement de notre activité est de savoir stocker un produit extrêmement encombrant », explique Thomas Lecointe, directeur opérationnel d’Alcatel Submarine Network (ASN), du haut d’une passerelle de l’usine calaisienne du groupe. Car, une fois assemblé avant d’être embarqué sur un navire de pose, un câble peut mesurer jusqu’à 7 000 kilomètres de long. On comprend l’obsession du rangement pour le premier fabricant européen de câbles optiques sous-marins, héritage de l’ancien Alcatel, propriété aujourd’hui de l’équipementier en télécoms finlandais Nokia.

Si les bras de l’homme restent indispensables au stockage, ASN profite, depuis novembre, d’un coup de main technologique. Grâce à la mise en service d’un réseau de téléphonie mobile 5G sur lequel sont connectés des capteurs laser, le fabricant mesure précisément et en temps réel l’encombrement des 130 cuves et la hauteur de leur remplissage. Cela lui donne une vue parfaite sur les ressources, les stocks et l’avancée du processus, autant de données indispensables à la montée en puissance de la production de l’usine pour répondre à l’explosion de la demande en câbles des GAFA, Google et Meta en tête. Ces deux dernières années, ASN a investi 80 millions d’euros pour augmenter de 25 % la capacité de production de l’usine calaisienne.

« Vitale pour notre production »

« La 5G est vitale pour notre production », affirme Alain Biston, PDG d’ASN. Ancien de Nortel, le spécialiste canadien des réseaux mobiles avant sa faillite, en 2009, c’est lui qui a eu l’idée d’aller voir la maison mère, Nokia, pour construire ce réseau mobile 5G, opéré par Free, disponible en intérieur et en extérieur, jusqu’au quai de chargement des câbles sur les navires. Cela a coûté « plusieurs millions d’euros », indique sans plus de précision M. Biston, dont environ un tiers pris en charge par le plan France Relance. Pour le PDG, la 5G est un vrai plus. « L’usage dans la cuve a montré aux salariés que ça simplifie leur vie. Les équipes ont imaginé, depuis, vingt autres applications sur ce nouveau réseau sans fil », souligne M. Biston. Il permettra par exemple de géolocaliser avec précision tous les équipements, ce qui fera économiser du temps et des kilomètres aux salariés. Compte tenu de la longueur du processus de production, certains techniciens font plus de 13 kilomètres de marche par jour.

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